Alors qu’en France, le Ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, met en garde contre les conséquences du décrochage scolaire, qu’il qualifie de « catastrophe éducative mondiale », pour certaines familles, le décrochage est déjà une réalité. Avec le confinement, l’école à la maison creuse les inégalités entre les élèves. La barrière de la lanque chez les parents ou le manque d’accès au numérique représentent des difficultés supplémentaires pour l’apprentissage des enfants.
Dans ce contexte de réouverture des écoles, l’association SynLab a mené une enquête auprès des enseignants pour comprendre leur perception du désengagement et des risques de décrochage de leurs élèves.
Le confinement entraine une nouvelle vague de décrocheurs
Selon les enseignants interrogés, un élève désengagé est un élève qui ne prend plus part aux activités proposées par l’enseignant ou un élève qui ne communique plus.
Près de 20 % des élèves ne paraissent pas engagés dans la scolarité depuis le début du confinement. Ils seraient 30 % dans les collèges et lycées des Zones d’Education Prioritaire (ZEP)
Par ailleurs, 40 % des élèves désengagés n’étaient pas identifiés par leurs enseignants comme des élèves à risque de décrochage, avant le confinement.
Le confinement peut alors être perçu comme un moteur du désengagement des élèves. Les raisons du désengagement avancées par les enseignants interrogés sont multiples. Les réponses qui reviennent le plus souvent sont l’absence ou la perte de sens à travailler, les mauvaises conditions de travail et le manque de matériel numérique à la maison.
Aussi, alors que tous les ans, en moyenne en France, 150 000 élèves quittent le système scolaire sans diplôme, ils seraient près de 500 000 élèves au total sur les 12 millions d’inscrits, selon le Ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, Jean-Michel Blanquer, à avoir perdu le contact avec leurs enseignants durant le confinement.
« Ces chiffres confirment l’ampleur du signal d’alerte. Le risque de perdre une génération à cause d’un décrochage massif est fort. Les enseignants sont notre première ligne éducative ! Il est donc urgent de soutenir nos 900 000 enseignants pour relever cet immense défi. » Florence Rizzo, co-fondatrice et co-directrice de l’association SynLab.
Il est urgent d’agir vite pour limiter les risques d’un décrochage massif
L’ampleur de la situation nécessite un effort de soutien inédit aux enseignants, pour qu’ils soient en mesure d’affronter au mieux les difficultés à venir :
- Accompagner un nombre record d’élèves fragiles en personnalisant les propositions pédagogiques
- Favoriser la socialisation tout en faisant respecter les gestes barrières et de distanciation sociale
- Soutenir des élèves ayant révélé des fragilités psychologiques
- Gérer un groupe de classe avec une partie des élèves présent et d’autres scolarisés à distance
Méthodologie de l’enquête menée par l’association SynLab
L’enquête de l’association SynLab sur le décrochage scolaire a été menée du 25 avril au 28 avril 2020, auprès de 1 001 enseignants d’établissements primaires et secondaires (écoles, collèges et lycées) sous la forme d’un questionnaire transmis par internet. Elle a été menée sous la direction scientifique de Marine Portex, Docteure en psychologie cognitive spécialisée dans les apprentissages scolaires.
Représentation par type d’établissement scolaire :
- 50 % de répondants en primaire,
- 40 % de répondants en secondaire,
- 9 % en réseau spécialisé sur le handicap (ASH),
- 1 % autres.
Représentation par type d’éducation :
- 78 % hors réseau d’éducation prioritaire (REP),
- 21 % de répondants en REP et REP +,
- 1 % sans réponse.
Les résultats sont pondérés quant aux niveaux et à l’affectation REP / hors REP pour obtenir une enquête représentative.
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Média de l’Ecole (anciennement Echec&Maths), Article 52
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